n° 16 - PRINTEMPS 2012 |
Passionné d’art et d’automobile depuis toujours, j’ai découvert la Carrosserie Française grâce à ma fréquentation du Concours d’Elégance de bagatelle, à Paris dans les années 90
Par François Vanaret, photos et peintures de François Vanaret |
Depuis cette date, je me suis intéressé presque exclusivement à cette Haute Couture automobile nationale qui « habillait les autos, tel de jolie femmes ». J’ai ainsi découvert que beaucoup de carrossier les plus prestigieux avaient débuté leur activité dès le milieux du XIXe siècle par la construction de voitures à chevaux. Ces dynasties de créateurs vont rapidement faire école et faire de Paris et de la France le berceau incontesté de la création de carrosserie de luxe. Ces artisans de génie ont largement contribué à l’essor de l’Automobile, laissant a trace de leur activités hippomobiles dans leurs réalisations mécaniques. Mes
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recherches depuis quinze ans dans ce domaine m’ont convaincu de la nécessité de faire reconnaître cet art au patrimoine international. C’est pourquoi, j’ai demandé au Président DELAGNEAU que cette requête soit inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée Générale de la FFVE, tenue lors du salon Rétromobile, comme à l’accoutumée.
En août 2011, une Avion-Voisin Aérodyne remporte le « Best of Show » lors du Concours d’Elégance de Pebble-Beach; en août 2010 une Delage, carrossée par De Villars, obtenait la même récompense. Dans tous les grands Concours d’Elégance internationaux, depuis plusieurs décennies, les automobiles de collection carrossées par les ateliers français sont toujours classées parmi les plus belles voitures du monde, et suscitent un intérêt constant parmi les collectionneurs-esthètes du monde entier. La perfection d’un dessin de Jean Bugatti, d’une Talbot-Lago « Goutte d’eau » ou d’un roadster Delahaye 135 Figoni & Falashi, de même que la pureté des lignes des Bentley et Darlmat de Georges Paulin, d’une Mercedes SS roadster de Jacques Saoutchick, comme toutes les créations de Kellner, Labourdette, ou Chapron, est définitivement reconnue. Tant d’autres carrossiers français, connus ou oubliés, peuvent aussi figurer dans le panthéon de la carrosserie française. Tous ces créateurs sont issus d’une longue lignée d’artisans d’art installés en France depuis le XVIIIe siècle où ils vont créer carrosses et voitures pour l’aristocratie et les cours royales du monde entier : Binder devient carrossier du Roi en 1826, Mühlbacher, parisien dès 1797, crée des carrosses pour l’empereur Napoléon III, expose à Philadelphie en 1876 puis à Chicago en 1838 ; Joseph Rothschild s’établit à Paris en 1838, comme dans la même période Georges Kellner, Jean-Baptiste Labourdette, puis les fils de Jean-Baptiste Belvalette. N’hésitant pas à se former aux techniques de construction et à la mécanique en Angleterre, ces précurseurs vont établir la prédominance
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Mercedes Benz S 680 Châssis 71817 - Roadster Saoutchik.
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et le savoir-faire de la Carrosserie Française en habillant les premiers châssis motorisés créés par Amédée Bollée, Panhard & Levassor ou De Dion-Bouton. Ils vont prendre part à la renommée du grand luxe et de l’élégance française aux côtés des grands couturiers de la mode, de selliers, malletiers et décorateurs. L’apogée de ce mouvement fut l’apparition des grands Concours d’élégance dans les années folles où sont présentées des automobiles d’un luxe et d’une finition exceptionnels, que ce soit dans le style classique, ou avant-gardiste avec le mouvement aérodynamique des années trente ; il faut noter ici que le terme « concours d’élégance » est utilisé dans le monde entier. |
Au moment où (enfin!), l’automobile a eu les honneurs d’une présentation dans un musée aussi prestigieux que Les Arts Décoratifs de Paris en 2011, où la présence à Rétromobile 2012 de quelques-uns des chefs d’œuvre de la collection de l’esthète californien Peter Mullin fut couronnée d’un succès sans précédent, et où il est annoncé pour le prochain Concours d’Elégance de Pebble-Beach un plateau en l’honneur du carrossier français Saoutchick, j’ai envie de croire que le moment est venu d’inscrire la Carrosserie Française au patrimoine de l’Humanité. |
Talbot-Lago T150C/SS châssis 90117 « Goutte d’eau » Figoni & Falashi 1928 |
DELAGE D8/1205 COACH « POURTOUT » 1937 Dessin de Georges PAULIN |
Renault type Al B - KELLNER 1909 |
Il est de plus démontré que l’engouement pour l’automobile de collection génère une activité économique croissante, que ce soit via les ventes aux enchères ou les activités de restauration et de maintenance mécanique, sellerie et carrosserie. Un important travail reste à faire dans le domaine historique pour identifier et faire connaître ce patrimoine extraordinairement riche, ainsi que les hommes qui l’ont créé. Pour conclure il me semble que les acteurs français du design actuel ne seraient certainement pas insensibles à une reconnaissance d’une tradition française dans cet art, et qu’aujourd’hui où l’automobile doit faire face à de nouvelles contraintes de réglementations, tant technique que liées à l’environnement, la notion de plaisir et de l’esthétisme peut s’appuyer chez nous sur une longue tradition d’élégance et de créativité.
François VANARET
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Un très beau site où l’on découvre les magnifiques peintures automobiles de François Vanaret, mais également une liste de plus de 80 carrossiers français avec plaque que François a répertorié, une recherche inlassable, passionnante et utile On y trouve même (en photos, prisent à Epoqu’auto 2012) une Georges Irat |
TORPEDO GEORGES IRAT 4A - 1922 Carrossier A. BERLUTEAU à MELUN |
Très beau tableau de ma voiture, peint par F. Vanaret, offert par mes enfants à l’occasion de mon anniversaire. B.D.
Merci Monsieur VANARET pour cette belle œuvre. |
A voir une exposition exceptionnelle intitulées « Roulez Carosses » au musée des Beaux Arts d’Arras, présentant de belles voitures hippomobiles et carrosses (en particulier celui du sacre de Charles X).
Egalement un très beau site : « De l’Attelage à l’Automobile » : http://www.attelage-a-automobile.fr/ |